Je m'éveillais...
Matin d'enfant
La nuit je pressentais l'aurore aux lèvres d'ambre,
Je m'éveillais ; j'aimais le papier de ma chambre.
Je cherchais à savoir s'il faisait beau dehors,
Le soleil aux rideaux collait sa pâte d'or.
J'écoutais le chant calme et pesant que module
La forte, l'obstinée et paisible pendule.
Je me disais " Il est sept heures du matin ;
Ce sera tout un jour à courir dans le thym,
Près du merisier rose et près de la cigale.
Tout un jour à goûter la feuille et le pétale
A poursuivre la joie autour de rosiers ronds,
A danser dans l'azur avec des moucherons,
A s'alanguir soudain dans les bleus paysages,
En sentant que l'on a le plus doux des visages.
Anna de Noailles (princesse Brancovan, comtesse Mathieu de) (1876-1933)
L'une des poésie adorée de mon enfance, que j'ai retrouvé sur internet, en me souvenant juste de : "je m'éveillais ; j'aimais le papier de ma chambre".